Le burn out, une affaire de famille ?

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Le coaching familial m’a permis de rencontrer beaucoup de personnes touchées par l’épuisement sur leur lieu de travail mais aussi dans la sphère privée. La structure familiale et l’arbre généalogique offrent un champ d’investigation très subtil pour comprendre les mécanismes inhérents à cette souffrance. Voulez-vous en savoir plus ?

Le terreau sur lequel une fragilité endormie va se réveiller dans votre parcours de vie professionnel puise son origine dans la famille « nucléaire », la triade du père, de la mère, et de l’enfant. Il y a enfouies en nous plus de 60 émotions piégées. Nous les tenons de notre enfance, de chocs passés mais qui n’ont pas été digérés. Ces émotions piègées vont se réveiller lors de chocs et de stress successifs. Notre cerveau vit un évènement traumatisant actuel et qui a bien lieu dans le présent mais ce dernier remet « à vif » une vieille douleur oubliée qui ressurgit alors et qui nous fait mal comme elle l’a fait par le passé.

Quel est ce mécanisme à la base ? La famille nucléaire composée des enfants et des parents constitue le premier groupe social. Chacun de nous évolue à travers la culture de son système familial. Tous les apprentissages, la compréhension des règles vont construire l’enfant. Celui ci va devoir se faire une place dans sa fratrie et être aimé par ses parents. Si l’initiation ne se fait pas correctement, si l’enfant vit des manques et des fragilités, plus tard dans l’autre groupe social que constitue l’environnement professionnel, il retrouvera ces mêmes fragilités. Cela explique pourquoi de nombreuses personnes si professionnelles, si fortes dans leur apparence, se trouvent démunies quand elles subissent une fatigue psychique ou émotionnelle sur le lieu de travail.

Le cadre prévu pour assister les personnes en épuisement (médecin du travail, psychologue du travail, syndicat) ne peut difficilement prendre en charge cette charge émotionnelle et psychique et beaucoup de personnes épuisée le ressentent comme une trahison après des années de loyauté de leur part. La guérison passe par l’envie, le courage et la volonté d’accepter d’aller chercher en dehors de ces territoires que le système établi nous propose pour aller chercher les vraies racines de la douleur. Recouvrer sa dignité et sa légitimité perdue demande un retour sur soi même, c est courageux et cela en vaut vraiment la peine.

Je partage avec vous cette ceci: imaginez une rame de métro parisien, un individu a la grippe, il tousse et éternue. Sur 100 personnes dans cette rame, admettons que 70 sont contaminées, les 30 autres ne sont pas touchées par la grippe. Qu’est ce qui explique que les 30 personnes n’ont pas la grippe ? La plupart me répondent » Ils sont plus costauds et ont des défenses immunitaires plus hautes ». Oui ! vous avez compris . Leur terrain n’a pas été propice à laisser la grippe les contaminer.

Il en est de même dans l’entreprise ou tout autre groupe social. Les personnes en épuisement psychiques sont en manque de « défenses immunitaires ». Sur un groupe de 12 personnes d’un même service, 2 personnes sont en burnout ou épuisées. Si la pression est terrible, elle devrait l’être pour tout le monde n’est-ce pas ? Et les 12 personnes du service devraient être dans le même état.

Partageons ensemble un cas réel. Je reçois un cadre d’une grosse PME qui vient me voir car il se sent épuisé depuis deux ans, après un licenciement douloureux. À la suite de ce licenciement, il a perdu pied. Il a peur de s’engager, de faire des fautes, garde le silence devant sa hiérarchie. Notre travail en profondeur sera d’aller chercher ce « terreau » sur lequel ont poussé ses fragilités. Au cours de nos séances, nous retrouvons ensemble les acteurs familiaux qui ont fragilisé mon client, il y a bien longtemps, et nous mettons en lumière les événements clés qui ont fragilisé la construction de sa personne. Eric a eu un père tyrannique avec qui il a écu la perte d’amour et le manque de reconnaissance. Il a retrouvé, dans l’entreprise, cette même figure tyrannique en la personne de son patron. Quel hasard !

Au cours de nos échanges, Eric me dit qu’il a été licencié une seconde fois avant de rentrer dans l’entreprise actuelle, et pourtant, ce deuxième licenciement ne lui a rien fait. Pas de culpabilité, pas de tristesse. En fait, ce qui fait la différence avec le premier licenciement, ce sont les circonstances. Lors du premier licenciement, ce sont les circonstances, la façon dont ça s’est passé, les raisons de ce départ forcé, la trahison de son patron, qui ont fait ressortir ses fragilités et qui lui ont fait perdre pied. Il avait vécu son premier licenciement comme la perte de sentiment d’appartenance, la perte d’amour de son patron, lea perte d’appartenance à une équipe qu’il appréciait, en qui il avait foi et qu’il aimait.

Cécile est en épuisement psychique sur son lieu de travail. Elle me dit que dans son organisation d’évènementiel, tout le monde travaille en « espace ouvert » et le groupe de 12 personnes doivent affronter un manager tyrannique. Elle me dit qu’il n’y a que 2 personnes sur 17 qui sont en épuisement. Ma question est: « pourquoi les 15 autres personnes qui sont confrontées au quotidien à la tyrannie de ce manager ne s’effondrent pas également ? »

J’espère que ce partage vous aidera à réfléchir. Commencez par chercher et réfléchissez à ces fragilités émotionnelles qui ont empêché votre système immunitaire de jouer son rôle, que retrouvez-vous de similaire entre les personnes qui vous entourent dans votre boulot et les personnes de votre famille ?